«Je veux informer le pays et le monde que les FARC ont subi un nouveau coup fatal avec la mort de Manuel Jesus Munoz, alias Ivan Rios, autre membre du secrétariat», ou directoire, des FARC, a déclaré Juan Manuel Santos lors d'une conférence de presse, utilisant une des deux identités officielles de Rios employées par Bogota. Il a estimé que sa mort était «une nouvelle démonstration de l'écroulement des FARC».
Le ministre a expliqué que l'armée colombienne avait lancé une opération destinée à capturer Ivan Rios le 17 février après avoir reçu des informations indiquant qu'il se trouvait dans une région montagneuse à cheval sur les provinces de Caldas et Antioquia, au nord-ouest de Bogota. Les troupes colombiennes ont alors attaqué à sept reprises le périmètre de sécurité extérieur des FARC.
Jeudi, a-t-il poursuivi, un guérillero connu sous le nom de Rojas s'est livré aux soldats avec la main droite coupée de Rios, son ordinateur portable et une pièce d'identité de Rios, affirmant qu'il avait tué son chef trois jours plus tôt.
Les raisons du geste de Rojas restent à déterminer, mais, selon Juan Manuel Santos, il a agi pour «soulager la pression de l'armée», les rebelles étant «encerclés, sans vivres ni moyens de communication». Le ministre colombien de la Défense n'a pas précisé ce qui est arrivé à Rojas depuis, et n'a répondu à aucune question. Il a en revanche expliqué que Bogota avait attendu d'avoir confirmé l'identité d'Ivan Rios avant d'annoncer sa mort. Chose qui a été faite vendredi.
Ivan Rios, que les autorités ont tour à tour nommé Jose Juvenal Velandia ou Manuel Jesus Munoz, est le deuxième haut responsable des Forces armées révolutionnaires de Colombie tué en moins d'une semaine. Samedi dernier, le numéro deux des FARC, Raul Reyes, avait été abattu par l'armée colombienne lors d'une opération transfrontalière qui a déclenché une crise diplomatique entre le Venezuela et l'Équateur d'un côté, et la Colombie de l'autre.
Ivan Rios, âgé d'environ 40 ans, s'était fait connaître en Colombie en devenant un des principaux négociateurs des FARC lors des pourparlers de paix avec le gouvernement colombien qui ont échoué en 2002. A la différence des autres chefs des FARC, issus pour beaucoup du monde agricole, il avait suivi des cours à l'université et était capable de discussions politiques et économiques soutenues avec des journalistes ou des émissaires étrangers.
«Il était le plus jeune membre du secrétariat. Il était très important pour les rebelles», a expliqué Alfredo Rangel, du think-tank colombien Sécurité et démocratie. «Cela montre que l'armée est capable d'abattre les piliers les plus importants des rebelles, et que les chefs peuvent tomber à tout moment».
Dans un entretien à l'Associated Press en 1999, Ivan Rios avait expliqué avoir rejoint les FARC alors qu'il était étudiant à Medellin pour éviter d'être tué par des escadrons d'extrême-droite qui s'en étaient déjà pris à d'autres militants étudiants.
Ivan Rios commandait la division centrale des FARC, qui opère dans le nord de la Colombie, région riche en café. Selon les forces de sécurité colombienne, il a souvent accompagné le chef des FARC, Manuel Marulanda, au cours des dernières années.
Le département d'État américain avait mis sa tête à prix pour cinq millions de dollars (3,2 millions d'euros). Il figurait sur la liste des terroristes et trafiquants de drogue du département du Trésor américain et était inculpé de trafic de drogue par Washington.