Le commandant de Florida aurait dû se faire moins d’amis. Avant son enlèvement dans cette région montagneuse du sud-ouest de la Colombie, l’officier, spécialisé dans la police de proximité, s’était gagné l’estime de la population. Des plus pauvres d’abord, grâce aux médecins et aux clowns qu’il amenait dans les quartiers déshérités. Mais aussi des notables, comme le commerçant Humberto Loaiza, qui l’a invité, ce soir de juin 2007, dans un restaurant en zone rurale. Tout déplacement hors de la ville est risqué. Les Farc font des descentes depuis la cordillère toute proche, dans une zone qu’elles jugent stratégique : elles exigent depuis des années le retrait des troupes de Florida et de la commune voisine de Pradera pour y négocier l’échange des otages contre leurs prisonniers. Solórzano aurait pu décliner l’invitation, sans l’insistance de sa fille de 7 ans, attirée par la promesse d’une piscine. «Ne te sens pas coupable», lui a-t-il dit depuis, dans une preuve de vie. Les invités étaient en maillot de bain quand des hommes armés ont sauté les clôtures. Ils venaient chercher le commerçant pour en tirer une rançon, et ont profité de l’aubaine pour embarquer le policier. Loaiza a été libéré six mois plus tard. Solórzano, lui, lit et relit la Bible dans un recoin de cordillère.
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