Que veulent exactement les FARC, en échange de la libération d'Ingrid Betancourt et des autres otages?
Pourquoi, selon elles, les négociations n'avancent-elles pas?
Quel rôle envisagent-elles pour Hugo Chavez?
Le magazine argentin "Perfil" a publié dimanche dernier une interview exclusive avec le numéro deux des FARC, Ivan Marquez, recueillie par le secrétaire général du Parti communiste argentin, "quelque part dans la forêt colombienne".
Marquez est le successeur de Raul Reyes, celui qui menait les négociations avec la France et qui a été tué par les forces colombiennes il y a quelques semaines.
Q : [Sur la mort de Raul Reyes]
Pourquoi, selon elles, les négociations n'avancent-elles pas?
Quel rôle envisagent-elles pour Hugo Chavez?
Le magazine argentin "Perfil" a publié dimanche dernier une interview exclusive avec le numéro deux des FARC, Ivan Marquez, recueillie par le secrétaire général du Parti communiste argentin, "quelque part dans la forêt colombienne".
Marquez est le successeur de Raul Reyes, celui qui menait les négociations avec la France et qui a été tué par les forces colombiennes il y a quelques semaines.
Q : [Sur la mort de Raul Reyes]
Ivan Marquez : C’est un coup très dur pour les FARC. Il s’agissait d’un commandant très précieux, qui est tombé en cherchant un chemin pour une solution politique à la situation des prisonniers de guerre en Colombie. L’échange est indispensable pour ouvrir les portes de la paix en Colombie. (…)
L’assassinat de Paul Reyes a dynamité l’architecture de la négociation construite par le président Chavez et la sénatrice Piedad Cordoba. Ils ont obtenu des choses impensables en très peu de temps, des résultats encourageants comme la libération de cinq congressistes capturés par les FARC dans le cours de la guerre.
Mais après [la mort de Reyes] nos possibilités de continuer de libérer les autres personnes sont closes pour l’instant.
Q : Quelle ingénierie politique, militaire et diplomatique pourrait rouvrir les voies de la négociation?
I. Marquez : Il ne reste que le retrait militaire pendant 45 jours de Pradrera et de Florida, les deux municipalités du département de Valle. Nos porte-parole disent cela depuis plus de trois ans.
Dès que le gouvernement de Colombie décrétera le retrait militaire de ces deux municipalités, nous enverrons un groupe de guérilleros vérifier que ce retrait a bien eu lieu. Et si tel est le cas, nos porte-parole iront attendre les contreparties du gouvernement [la libération des prisonniers des FARC] en territoire colombien.
Et dès que nous aurons reçu les guérilleros libérés nous remettrons au gouvernement les gens qui sont avec nous [ie les otages].
Q : Combien de membres des FARC sont en prison ?
Y. Marquez : Nous voulons faire sortir environ 500 guérilleros mais Uribe [le président colombien] impose des conditions trop restrictives.
Il refuse le retrait militaire que nous proposons. Il ne veut pas non plus que les guérilleros libérés à la suite d’un éventuel accord puissent rentrer dans la montagne. Ils devraient être transférés dans un pays outre mer, ce qui est une condition inacceptable pour un révolutionnaire.
Q : La mère d’Ingrid Betancourt a accusé le gouvernement colombien de mener des opérations qui, selon elle, perturbent sérieusement la libération de sa fille. Elle a même déclaré que le gouvernement colombien agit de manière brutale sur la population civile. Elle a dit aussi publiquement à Caracas qu’elle ne se sentait pas en sécurité en Colombie. Elle ajoute que la campagne médiatique concernant la santé de sa fille [qui serait meilleure qu’on ne le dit] pourrait être une manoeuvre destinée à justifier des actions qui auraient pour conséquence la mort de sa fille. Qu’en penses-tu ?
Y. Marquez : Les appels humanitaires des parents de prisonniers n’importent pas à Uribe. (…) Tous les jours, il donne des ordres à ses généraux pour qu’ils tentent de libérer les prisonniers dans le feu et le sang. C’est une attitude irresponsable. (…)
L’attitude de Madame Yolanda Pulecio, la mère d’Ingrid, a été très valeureuse (…) Elle voit dans Hugo Chavez l’unique espoir et elle a raison parce que Chavez a fait des efforts désintéressés pour parvenir à cet échange de prisonniers. (…)
Q : [Uribe] l’accuse de vous financer.
Y. Marquez : Il ment quand il dit que nous recevons des armes et des dollars du Venezuela. Si c’était le cas, nous aurions renversé son gouvernement mille fois.
Q : Qu’en est-il de l’avion médical ? Le gouvernement français a-t-il pris contact avec vous ?
Y. Marquez : Non. Le contact c’était Raul Reyes.
En janvier, la Croix Rouge nous a demandé d’accepter qu’une mission médicale vienne s’occuper des prisonniers dans les profondeurs de la forêt. Mais nous leur avons expliqué pourquoi cette proposition n’était pas viable à cause des risques militaires que nous entourerions en donnant les coordonnées géographiques du lieu.
Nous avons intérêt à préserver la vie de nos prisonniers de guerre. Quand les Farc seront reconnues comme forces belligérantes, les conditions seront différentes pour l’accueil d’une telle mission. (…)
Dès que le gouvernement de Colombie décrétera le retrait militaire de ces deux municipalités, nous enverrons un groupe de guérilleros vérifier que ce retrait a bien eu lieu. Et si tel est le cas, nos porte-parole iront attendre les contreparties du gouvernement [la libération des prisonniers des FARC] en territoire colombien.
Et dès que nous aurons reçu les guérilleros libérés nous remettrons au gouvernement les gens qui sont avec nous [ie les otages].
Q : Combien de membres des FARC sont en prison ?
Y. Marquez : Nous voulons faire sortir environ 500 guérilleros mais Uribe [le président colombien] impose des conditions trop restrictives.
Il refuse le retrait militaire que nous proposons. Il ne veut pas non plus que les guérilleros libérés à la suite d’un éventuel accord puissent rentrer dans la montagne. Ils devraient être transférés dans un pays outre mer, ce qui est une condition inacceptable pour un révolutionnaire.
Q : La mère d’Ingrid Betancourt a accusé le gouvernement colombien de mener des opérations qui, selon elle, perturbent sérieusement la libération de sa fille. Elle a même déclaré que le gouvernement colombien agit de manière brutale sur la population civile. Elle a dit aussi publiquement à Caracas qu’elle ne se sentait pas en sécurité en Colombie. Elle ajoute que la campagne médiatique concernant la santé de sa fille [qui serait meilleure qu’on ne le dit] pourrait être une manoeuvre destinée à justifier des actions qui auraient pour conséquence la mort de sa fille. Qu’en penses-tu ?
Y. Marquez : Les appels humanitaires des parents de prisonniers n’importent pas à Uribe. (…) Tous les jours, il donne des ordres à ses généraux pour qu’ils tentent de libérer les prisonniers dans le feu et le sang. C’est une attitude irresponsable. (…)
L’attitude de Madame Yolanda Pulecio, la mère d’Ingrid, a été très valeureuse (…) Elle voit dans Hugo Chavez l’unique espoir et elle a raison parce que Chavez a fait des efforts désintéressés pour parvenir à cet échange de prisonniers. (…)
Q : [Uribe] l’accuse de vous financer.
Y. Marquez : Il ment quand il dit que nous recevons des armes et des dollars du Venezuela. Si c’était le cas, nous aurions renversé son gouvernement mille fois.
Q : Qu’en est-il de l’avion médical ? Le gouvernement français a-t-il pris contact avec vous ?
Y. Marquez : Non. Le contact c’était Raul Reyes.
En janvier, la Croix Rouge nous a demandé d’accepter qu’une mission médicale vienne s’occuper des prisonniers dans les profondeurs de la forêt. Mais nous leur avons expliqué pourquoi cette proposition n’était pas viable à cause des risques militaires que nous entourerions en donnant les coordonnées géographiques du lieu.
Nous avons intérêt à préserver la vie de nos prisonniers de guerre. Quand les Farc seront reconnues comme forces belligérantes, les conditions seront différentes pour l’accueil d’une telle mission. (…)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire