LE MONDE 19.03.08 14h50
Paulo A. Paranagua
Article paru dans l'édition du 20.03.08.
L'ancien otage de la guérilla colombienne Luis Eladio Perez a été reçu à l'Elysée, mardi 18 mars. Il a présenté au président Nicolas Sarkozy des propositions en vue d'obtenir la libération d'Ingrid Betancourt et des autres otages aux mains des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC, extrême gauche).
Sur le perron de l'Elysée, M. Perez s'est dit confiant que l'ancienne candidate à la présidence de la Colombie et trois autres otages civils seraient relâchés "très bientôt". "Je ne veux pas être le porte-parole de faux espoirs", a-t-il ajouté toutefois. Ancien sénateur, M. Perez a partagé longtemps la captivité d'Ingrid Betancourt dans les camps des FARC. Ensemble, ils ont tenté une fois de fuir. Il a été le dernier à la voir, le 4 février, "physiquement et moralement épuisée".
Alors qu'il devait rencontrer la presse lundi, le rendez-vous a été annulé à la dernière minute. Les divisions de la famille Betancourt ont provoqué un "pataquès" entre l'Elysée et le Quai d'Orsay et bouleversé le programme de sa visite en France. M. Perez estime que les FARC ne sont pas aussi affaiblies que ne le prétend le gouvernement colombien.
"Les FARC ont compris qu'elles sont à un tournant historique, dit-il. Le fait que la guérilla sollicite de la communauté internationale un statut politique me rend optimiste à propos de leur changement de mentalité." Alors qu'à Bogota des responsables militaires croient qu'Ingrid Betancourt pourrait être le dernier otage à recouvrer la liberté, Luis Eladio Perez pense tout le contraire. "Avec Ingrid, les FARC jouent leur avenir à cause de la pression internationale et de l'exposition médiatique", affirme-t-il.
D'après des sources proches du dossier qui ont requis l'anonymat, la libération des quatre otages civils serait un "préalable" à une forme de reconnaissance politique des FARC. La guérilla figure sur la liste des organisations terroristes de l'Union européenne, dont la France assumera la présidence à compter du 1er juillet.
"L'échange humanitaire" de militaires et policiers retenus en otages par les FARC contre des guérilleros emprisonnés est une affaire plus laborieuse. L'identification des prisonniers qui en bénéficieraient n'a jamais été établie, car les FARC ignorent quels détenus sont restés fidèles à la guérilla. Leur nombre pourrait être très inférieur aux 500 évoqués à maintes reprises. Leur sortie de prison supposerait un mécanisme de suspension de peine, dont l'application à des condamnés pour crimes contre l'humanité semble difficile. Il faudrait ensuite remettre les guérilleros au Venezuela, où les FARC disposent de soutiens, quitte à les faire transiter par un autre pays, qui pourrait être la France.
Ne resterait alors que la question des trois otages américains dont le sort est lié à deux cadres des FARC emprisonnés aux Etats-Unis.
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