La parole à Alexandra Pineda, journaliste colombienne à RFI
Alexandra Pineda vit en France depuis vingt-cinq ans. Journaliste à la rédaction en espagnol de RFI, elle rentre tout juste d’une mission de deux semaines en Colombie. Le 4 février dernier, les Colombiens sont descendus en masse dans les rues de Bogota pour dénoncer les Farc.
Alexandra Pineda vit en France depuis vingt-cinq ans. Journaliste à la rédaction en espagnol de RFI, elle rentre tout juste d’une mission de deux semaines en Colombie. Le 4 février dernier, les Colombiens sont descendus en masse dans les rues de Bogota pour dénoncer les Farc.
Quelque chose serait-il en train de changer ?
Les récentes preuves de vie d’Ingrid Betancourt, la libération de Clara Rojas et de Consuelo Gonzalez le 10 janvier dernier, tout cela a secoué l’opinion et montré l’urgence de la libération des otages.
Comment l’opinion perçoit-elle l’action du président Alvaro Uribe ?
Si les Farc font l’unanimité contre elles, il y a de profondes divergences par rapport à la façon d’agir d’Alvaro Uribe. Certains soutiennent le Président qui souhaite une libération sans condition des otages, d’autres réclament une démilitarisation pour procéder à un échange humanitaire. Avant Uribe, sous la présidence de Pastrana, les gens ont cru que la paix, après cinquante ans de guerre civile larvée, était possible. Mais les négociations avec les Farc ont échoué. Le peuple a souhaité un homme à poigne, adepte de la manière forte, comme Uribe. Mais lui aussi a échoué...
Que demandent aujourd’hui les Farc ?
Elles souhaitent la création, pour une durée de quarante-cinq jours, d’une zone démilitarisée de 700 kilomètres carrés dans le sud du pays, à proximité des montagnes, pour pouvoir y amener les otages et avoir le temps de se replier.
Si les Farc acceptaient de libérer tous leurs otages, ne condamneraient-elles pas leur mouvement ?
Au contraire ! Si elles les libèrent et renoncent à certaines pratiques, comme la pose de mines antipersonnel, elles pourraient être vues en tant que forces belligérantes. L’origine politique de leur combat pourrait être reconnue. Aujourd’hui, on les voit comme des terroristes.
En France, Ingrid Betancourt symbolise le calvaire des otages colombiens. Est-elle aussi présente en Colombie ?
Pas vraiment. Et, pour certains, le fait que la France se focalise sur elle provoque un certain malaise. On a tendance à considérer que Paris ne s’intéresse qu’à Ingrid Betancourt alors qu’il y a au moins 700 autres personnes détenues.
Aujourd’hui, que peut-on espérer ?
La situation est de nouveau bloquée. Il n’y a pas de volonté d’avancer d’un côté comme de l’autre. La seule chose à espérer, c’est que les guérilleros comprennent le message envoyé par la population le 4 février dernier et libèrent les otages...
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