
Enlevé "avant Ingrid", le 4 décembre 2000, détenu pendant "six ans et vingt-sept jours" par les FARC, puis évadé le 31 décembre 2006 à la faveur d'une opération de l'armée colombienne, Fernando Araujo n'a aucun doute quant à la meilleure manière de libérer les otages : "Quand j'étais prisonnier, j'ai toujours souhaité qu'une opération soit montée pour me sauver, malgré les risques." Il connaît bien les guérilleros révolutionnaires : "Leur pensée, leur vision du monde et leur façon de le comprendre sont totalement opposées aux nôtres. Leur endoctrinement est de type marxiste ; ils justifient la terreur et, pour eux, la fin justifie les moyens."
"Ingrid, insiste de son côté le vice-ministre de la défense, Juan Carlos Pinzon, est seulement une des otages. Notre voeu est que tous, et non un seul, puissent rentrer chez eux." Dans la logique des FARC, explique-t-il, il est probable que, si un otage "a manifestement plus d'importance sur le plan médiatique, ils en fassent un "actif" politique". Le général Freddy Padilla de Leon, chef d'état-major des armées, est encore plus explicite : "Il y a plus de 720 otages, dont 42 ont une "valeur particulière", parmi lesquels Ingrid. Pour les FARC, ils signifient la seule possibilité de communiquer avec le peuple colombien, avec les gouvernements colombien et français, avec la communauté internationale."
Dès lors, poursuit le général Padilla, ces otages "acquièrent une valeur marchande, de troc, ce qui a des conséquences politiques : la dernière chose que feraient les FARC, ce serait de libérer ces personnes. Parce qu'ils (les dirigeants des FARC) se rendent compte tous les jours du bénéfice politique qu'elles représentent." Le chef de l'armée colombienne estime que la "seule approche" possible est d'obtenir la "liberté immédiate et sans conditions" des otages. Il constate en outre que le cas d'Ingrid Betancourt a exercé "une trop grande prépondérance, jusqu'au point d'influencer les relations entre la France et la Colombie. Nous n'avons pas été capables de séparer les deux choses", regrette-t-il.
Les militaires colombiens soutiennent le projet d'un "échange humanitaire" avec les FARC (otages contre guérilleros emprisonnés), mais ils sont hostiles à la création d'une nouvelle "zone démilitarisée" sur le modèle de celle de Caguan (de 1999 à 2002). Les FARC, soulignent-ils, en avaient profité pour se renforcer et terroriser la population. Leur position sur la meilleure stratégie pour libérer les otages (outre une opération militaire) semble se résumer à ceci : moins de diplomatie publique, et plus de négociations parallèles discrètes.
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