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Merci aux membres du comité Arnaud, Hervé, Camille ,Sophie, Fanny, Christophe, ma grande amie Laurence et Marion (et tous les autres membres d'Agir Pour Ingrid).

Un gros merci à mes collègues d'Arcachon.
Ma très patiente et sensible directrice Sabine, mes adorables collègues Audrey et Sandra et ma petite Soeur Christelle et à l'ensemble du personnel du SIBA ainsi qu'aux élus du Bassin d'Arcachon et de Gironde.

Et aussi merci de vous avoir croisé vos chemins (spirituellement) Fabrice, Mélanie et Lorenzo et mon plus profond respect à vous Ingrid Betancourt. Nous devons continuer, vivre c’est s’engager

Encore un grand merci pour Sabine, Christelle et laurence, sans ma "maman", ma "petite soeur" et ma "jumelle" je n'aurais pas pu faire cela, vous m'avez donner un équilibre et vous m'avez rattraper quand j'ai perdu le cap, sans vous je n'aurais pas pu me relever aussi rapidement, ce comité m'a permis de faire de très belle rencontre de voir de belle personne.

Dans chacune de vous je retrouve de la dignité, du courage et la determination, les valeurs d'une certaine personne...

Merci Sabine, j'attends tes récits...
Merci Christelle, je reçois ta gentillesse...
Merci Laurence, je t'attends...

bonne route à tous, ce fut un beau moment...

Mais nous avons un nouveau combat

18 juin 2008

San Vicente, l’ex-capitale toujours hantée par les Farc

Envoyé spécial à San Vicente del Caguán JEAN-HÉBERT ARMENGAUD
Libération.fr mercredi 18 juin 2008

Une modeste table de bois, quatre chaises en plastique, sur le perron d’une maisonnette qui domine la ville, un peu à l’écart du centre : Fernando appelle ça sa «terrasse». Il offre un tinto, un café noir. Il dit : «Tu vois le jeune qui vient de passer devant ma porte ? Même si je vis ici depuis des années et que je pense connaître tout le monde, je ne peux pas savoir si c’est simplement un jeune qui passe devant ma porte ou si c’est un milicien des Farc, un type qui vient espionner et qui fera son rapport à la guérilla.» D’ailleurs, Fernando a baissé la voix. A 71 ans, cet éleveur a passé la main à ses enfants mais a gardé sa langue : «Ici, tout le monde paie le "vaccin", l’impôt révolutionnaire aux Farc, du plus petit au plus gros éleveur, et celui qui dit le contraire est un menteur, un mec qui n’a pas les couilles au bon endroit.» Ici, à San Vicente del Caguán, en plein cœur de la Colombie, tout le monde ne pense qu’à ça : à la guérilla des Farc. Même si elle n’est plus présente. Ou moins présente.
Négociations. San Vicente del Caguán fut la «capitale» des Farc, de 1999 à 2002. Pendant ces trois ans, cette commune de 60 000 habitants - mais sur une superficie de 300 fois celle de Paris - a été le centre des négociations entre la guérilla et le gouvernement colombien de l’ex-président Andrés Pastrana. Négociations qui n’ont abouti à rien. Mais durant ces trois ans, les Farc ont pu croire qu’elles étaient parvenues aux portes du pouvoir : Andrés Pastrana avait accepté de «démilitariser» (évacuer toute force de police et de l’armée) le Caguán, une zone grande comme la Suisse, autour de San Vicente et de quatre autres communes voisines. «Concrètement, nous avions donc dû trouver un accord avec les Farc, notamment en matière d’ordre public, se souvient le maire de San Vicente de l’époque, Néstor Ramírez. La police était partagée moitié-moitié entre des membres des Farc - 30 hommes, armés - et des gens nommés par la mairie - 30 hommes, mais seulement équipés de bâtons…»
Néstor Ramírez avait été élu fin 2000. Les Farc étaient donc déjà installées à San Vicente depuis un an. «Mais la guérilla n’a pas réussi à truquer ces élections de 2000, ajoute-t-il. Il y avait trop de journalistes et d’observateurs internationaux.» Il a donc remporté la mise, loin devant le candidat des Farc. Même s’il a dû cette élection à son implantation locale, Ramírez était sur une liste se réclamant du parti d’Ingrid Betancourt, Vert oxygène. Il fut le seul maire du pays, cette année-là, à être élu derrière la Franco-Colombienne, désormais otage des Farc depuis février 2002, juste après la rupture des négociations de San Vicente.
«Trois jours après l’élection, trois guérilleros se sont invités chez moi, raconte l’ancien maire. Ils ont dit venir au nom de Manuel Marulanda [le chef et fondateur des Farc, mort à 80 ans en mars, ndlr]. Je leur ai offert des sodas et des tintos. Ils m’ont félicité pour mon élection et ils ont dit leur désir de collaborer avec moi. Je leur ai dit non, que ce n’était pas l’idée de mon équipe municipale. C’était d’ailleurs une des conditions d’Ingrid Betancourt : pas de compromissions avec les Farc. "Pas de soucis", m’ont-ils dit…» Février 2002 voit la rupture les négociations et l’enlèvement d’Ingrid Betancourt - sur une route qui la menait, justement, à San Vicente. Pour Néstor Ramírez, l’affaire se complique. L’armée colombienne a réinvesti le bourg, mais pas toutes les zones alentour, loin de là. Les Farc sont encore tout près : «Trois jours après la rupture, je reçois une lettre : elles m’invitent à les rencontrer dans une zone rurale. Je n’y vais évidemment pas. Deuxième lettre, plus sèche, selon laquelle je dois "comparaître". Troisième lettre : je deviens littéralement un "objectif militaire" et dois abandonner le village "immédiatement".»
Enlevé. Le Caguán est une zone de savane, conquise sur la forêt tropicale au début du XXe siècle. Entre vallées et monts pré-andins, la commune de San Vicente, moyennement riche, vit de l’élevage extensif de bovins. Au mieux de sa fortune, Fernando a eu jusqu’à 5 000 têtes de bétail. Il a eu aussi jusqu’à neuf gardes du corps. Et a été enlevé, durant huit mois, par la guérilla. Outre leur cinquantaine d’otages dits «politiques», les Farc enlèvent régulièrement des gens pour racketter les familles - ils seraient aujourd’hui 700 entre leurs mains. «Comme otage, j’ai été bien traité, raconte Fernando. La marchandise, il faut bien la traiter si on veut qu’elle garde de la valeur.» La famille a payé, il ne veut pas dire combien. «Ici, c’est toujours la loi du silence.» L’armée affirme aujourd’hui que tout va bien : «Nous avons réussi à contrôler toute l’ancienne zone démilitarisée, même s’il y a encore, parfois, des combats intenses dans des régions éloignées, à quelques dizaines de kilomètres d’ici ; des combats intenses ça ne veut pas dire qu’il y a forcément beaucoup de pertes, mais ça peut durer trois ou quatre heures», affirme le colonel Gómez, à la tête du régiment Cazadores, 1 200 hommes implantés à une dizaine de kilomètres du centre de San Vicente. La caserne rassemble aussi les 1 200 hommes d’une brigade mobile et 3 000 issus de la force spéciale de commandos Omega. 5 400 militaires pour 60 000 habitants : par défaut, l’Etat prouve qu’il n’a pas récupéré totalement l’ex-capitale des Farc.
Ruines. Néstor Ramírez montre son ex-maison, dans le centre de San Vicente, dont il ne reste rien. Juste des ruines, des pans de murs désormais bouffés par la végétation tropicale. Dynamitée le 25 janvier 2003, comme «objectif militaire» des Farc. Quatre mois plus tard, dans la nuit, les locaux de la mairie et du poste de police explosent : un seul mort, un gamin de 8 ans. Puis, de 2004 à 2007 : quatre assassinats de conseillers municipaux. Des balles dans la tête. Malgré les gardes du corps. «Douze policiers sur une quarantaine se consacrent uniquement à la protection des élus, dit le major Pérez Monroy, le commandant du poste de police. Les peurs ne sont plus les mêmes qu’à l’époque où les Farc tenaient le village. Aujourd’hui, les craintes sont diffuses : à tout moment peut survenir un assassinat, un attentat à la voiture ou à la moto piégée. Personne ne sait quand ni comment.» Mais les Farc sont toujours là, dans cette ville poussiéreuse et oubliée de la géographie colombienne. Sans uniforme de guérilleros, mais sous la forme de ces «miliciens civils», insaisissables, qui continuent à tuer et à prélever «le vaccin».

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