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Merci aux membres du comité Arnaud, Hervé, Camille ,Sophie, Fanny, Christophe, ma grande amie Laurence et Marion (et tous les autres membres d'Agir Pour Ingrid).

Un gros merci à mes collègues d'Arcachon.
Ma très patiente et sensible directrice Sabine, mes adorables collègues Audrey et Sandra et ma petite Soeur Christelle et à l'ensemble du personnel du SIBA ainsi qu'aux élus du Bassin d'Arcachon et de Gironde.

Et aussi merci de vous avoir croisé vos chemins (spirituellement) Fabrice, Mélanie et Lorenzo et mon plus profond respect à vous Ingrid Betancourt. Nous devons continuer, vivre c’est s’engager

Encore un grand merci pour Sabine, Christelle et laurence, sans ma "maman", ma "petite soeur" et ma "jumelle" je n'aurais pas pu faire cela, vous m'avez donner un équilibre et vous m'avez rattraper quand j'ai perdu le cap, sans vous je n'aurais pas pu me relever aussi rapidement, ce comité m'a permis de faire de très belle rencontre de voir de belle personne.

Dans chacune de vous je retrouve de la dignité, du courage et la determination, les valeurs d'une certaine personne...

Merci Sabine, j'attends tes récits...
Merci Christelle, je reçois ta gentillesse...
Merci Laurence, je t'attends...

bonne route à tous, ce fut un beau moment...

Mais nous avons un nouveau combat

22 mars 2008

COLOMBIE • Clara Rojas: "L'accouchement a été un vrai traumatisme"

courrier international 22 mars
Pablo Biffi et Hinde Pomeraniec Clarín


La détention de Clara Rojas, enlevée par les FARC avec Ingrid Betancourt le 23 février 2002, a duré près de six ans. Très discrète depuis sa libération, le 10 janvier dernier, elle revient, dans une longue interview au quotidien argentin Clarín, sur ce calvaire interminable et la naissance, dans des conditions dramatiques, de son fils Emmanuel en pleine forêt colombienne.
Extrêmement maigre, élégante et chaleureuse, Clara Rojas n'élude pas les questions. Même si elle invoque son droit à l'intimité ou le droit pour Emmanuel, son fils né en captivité, de vivre une vie normale, elle se penche avec nous sur tous les instants de son drame au dénouement heureux, elle qui fut pendant six ans l'otage des FARC dans la forêt colombienne.
Comment se passait une journée dans la forêt ?
CLARA ROJAS : La vie y est difficile, parce que c'est une routine très monotone. Si nous sommes poursuivis, il faut se lever très tôt, s'habiller et partir. On dort habillé presque tout le temps. Il s'agit donc juste d'enfiler ses bottes, de se débarbouiller vite fait, et c'est parti pour des heures de marche, toute la journée. Quand on marche dans la forêt ou qu'on est en bateau ou ce genre de choses, on se déplace, il y a du mouvement, ça occupe l'esprit.
Il y avait de l'action…
Oui, mais toujours la même. Finalement, on finit par sombrer dans la fatigue et la sueur. C'est très lourd. Puis on arrive, où que ce soit, et il faut déterminer comment on va s'installer et dormir. C'est arrivé très souvent. On m'a demandé combien de fois j'avais été déplacée, mais je ne sais pas, il y en a eu tellement que j'ai perdu le compte. Et puis il y a un autre état, quand on reste au même endroit longtemps. "Longtemps", cela veut dire quelques mois, je ne suis pas restée au même endroit pendant six ans. Tu arrives, et ils organisent le site, ils débroussaillent la zone. C'est dans ces moments-là, lorsqu'on est tranquille à un endroit, qu'on peut se lever très tôt, essayer d'écouter la radio pour avoir les infos, se laver, avoir le temps de prier. Quand j'ai eu l'occasion de lire, je l'ai fait, même s'il y avait peu de livres. Et quand j'avais mon bébé, il m'occupait en permanence.
Comment se passaient les déplacements après la naissance d'Emmanuel ?
C'était un moment fort, qui m'a permis de faire abstraction de ce que je vivais. Je vivais normalement : me réveiller pour le nourrir, lui changer sa couche. C'était très difficile, nous n'avions pas tout ce qu'il est courant d'avoir ici. Il fallait par exemple fabriquer des couches avec des draps. Et les laver plusieurs fois par jour, parce qu'il n'y avait pas de couches jetables. Comment s'est passée votre grossesse ?
Ce fut une grossesse normale, j'étais en bonne santé. Même si, les premiers mois, nous étions sans cesse déplacés. Ce qui était dur, c'était lorsque l'on ressentait le harcèlement de l'armée colombienne. Lorsqu'on se trouve avec des gens malades et qu'il faut tout faire rapidement, sous la pression non seulement de l'armée qui s'approche mais aussi des guérilleros en armes. Ce sont ces moments qui ont rendu ma grossesse difficile.
Vous avez été d'accord pour être séparée de votre enfant ?
Je voulais qu'il reçoive des soins médicaux, parce qu'il en avait besoin. Je ne pouvais pas me voiler la face : dans la jungle, on n'a rien, et s'il lui était arrivé quelque chose, il aurait pu mourir. Ç'a été une décision difficile, mais je gardais l'espoir que mon fils serait remis à la Croix-Rouge, comme je le leur avais demandé.
Vous leur avez proposé de le remettre à votre mère ?
Oui, mais ils ne l'ont pas fait. Ils m'ont fait miroiter cette possibilité, et j'ai donc accepté la séparation. Ils m'avaient dit qu'elle ne durerait que quinze jours. Disons que j'ai fait contre mauvaise fortune bon cœur. Mais les années ont passé, et ç'a été très dur. Ils me disaient que mon enfant allait bien, mais ce n'était pas vrai.
Comment s'est passé l'accouchement ?
Un vrai traumatisme. Cela a été très dur pour moi de m'en remettre, j'étais très affaiblie. J'étais sous l'empire d'une drogue très forte ; j'avais beaucoup maigri, perdu beaucoup de sang, et si je ne m'étais pas secouée, j'aurais pu mourir. Il y a eu trente, quarante jours très difficiles. Puis j'ai compris qu'il fallait que je recommence à m'alimenter, que je me remette vite pour pouvoir élever mon fils.
Vous ne l'avez pas allaité ?
Je ne pouvais pas : le lait ne montait pas. Et, vu tous les médicaments qu'on me donnait, il aurait de toute façon été mauvais.
Qu'avez-vous ressenti en découvrant que vous étiez enceinte ?
C'est un sentiment compliqué : j'avais toujours voulu avoir un enfant, mais bien sûr pas dans la jungle. J'ai été prise d'une angoisse terrible, je me disais "Mon Dieu, pourquoi ici ?". C'était très dur, parce que je suis très citadine : j'espérais comme tout le monde accoucher dans un hôpital, avec une assistance médicale. J'imaginais pouvoir faire des échographies pour suivre ma grossesse…
Quelles sont vos relations avec votre enfant ?
Il m'appelle mamá, mamita à longueur de journée, je suis sur un petit nuage. Mais il y a des choses qui m'inquiètent, comme cette exposition médiatique excessive. Ce que je veux pour lui, c'est qu'il puisse être un petit garçon normal. Que tout ça ne l'accapare pas, que ça ne le perturbe pas.
Comment s'est passée votre première nuit avec lui, après votre libération ?
Je n'ai pas arrêté de le regarder, bouche bée : il était tellement plus grand ! Et puis, c'est une responsabilité énorme, je suis le papa et la maman de mon fils. Ma famille me soutient, mais c'est moi qui ai le plus à fournir.
Il réclame son père ?
Pas encore, il est trop petit (il aura 4 ans en avril). J'imagine qu'il finira par le faire, et qu'à ce moment-là, Dieu m'éclairera, non ?
Clara, vous n'abordez pas le sujet, et la seule version que nous avons est celle du journaliste Jorge Enrique Botero, qui affirme dans son livre [Últimas noticias de guerra, paru en février 2006 en Colombie] qu'Emmanuel est le fruit d'une relation librement consentie avec un guérillero.
Mais je n'ai jamais eu la moindre "relation" et n'ai jamais évoqué ce genre de choses ! Qu'est-ce qui vous permet de dire ça ? J'ai dit qu'il avait globalement raison, mais jamais je n'ai donné le moindre détail.
Alors, quelle est la vérité ?
J'ai le droit de protéger ma vie privée, et mon fils aussi, car je le fais aussi en pensant à lui. Ce que je veux, c'est que mon fils n'ait pas de doutes, pas de peurs non plus, qu'il ait une vie normale.
Mais c'est à cause de cette version des faits que tout le monde voit Emmanuel comme l'"enfant de la grande tragédie colombienne".
Oui, et c'est vrai. Il l'est parce que je suis une femme otage, j'ai été otage. Dans ce sens, je comprends. Mais de là à approfondir la question… Je m'efforce de mettre des limites à la médiatisation de ma vie privée, je veux que ça continue.
Votre vision politique des FARC a-t-elle changé depuis votre enlèvement ? Evidemment. Finalement, je ne vois rien, et c'est ce qui me fait le plus mal. J'ai mal à mon pays, je ne vois aucun horizon [aux FARC], aucune direction, ils n'ont pas de discours politique qui leur permette de se présenter comme une alternative.
Vous regrettez d'être restée avec Ingrid ? [Le 23 février 2002, au moment où Ingrid Betancourt était enlevée par des guérilleros des FARC, elle l'a spontanément suivie, alors qu'elle allait être relâchée, comme les autres occupants de la voiture].
Les regrets ne servent à rien, mais c'est sûr que je me suis trouvée au mauvais endroit au mauvais moment. Ma solidarité avec Ingrid m'a poussée à l'accompagner dans une situation dangereuse. C'est là que je me suis trompée, parce que pas plus qu'elle je ne me suis dit que nous étions un objectif militaire.
On raconte que vous vous êtes disputées après une tentative d'évasion. C'est vrai ? Non, je crois que dans une situation aussi dramatique, il n'y a pas de place pour les disputes. Il y a des différends, dans la vie quotidienne, dans l'amitié, mais ce sont des peccadilles dans une tragédie pareille. En fait, ils nous ont séparées. Et moi, j'étais très occupée par mon fils, très centrée sur lui, parce qu'il le fallait, vous comprenez. Je souhaite le meilleur à Ingrid.
Vous vous imaginez dans les bras l'une de l'autre ?
Bien sûr, évidemment, je n'ai absolument rien contre elle.
Comment avez-vous pris la nouvelle de la mort de Raúl Reyes ? Vous le connaissiez ?
Disons que je ne m'y attendais pas. Je ne le connaissais pas. Je crois que sa mort met fin au mythe des FARC invulnérables, eux aussi subissent des coups durs. Nous sommes à un moment où les gens croient qu'on ne peut rien faire, et il me semble qu'un mythe s'est effondré. D'une certaine façon, cela va les pousser à négocier.
Vous croyez que cet événement ne ralentit pas le processus de libération des otages, qu'il l'accélère au contraire ?
D'une certaine manière, cela les a amenés à un carrefour : ou ils continuent sur le même chemin, et alors il est possible qu'ils soient encore nombreux à mourir, ou alors ils cherchent une sortie, une solution.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

slt
ce que je peut dire,c que votre histoire ma profondément toucher et que je prie pour vous et votre fils,que pouvez avoir une vie heureuse et normal